Le cuir

On m’a plusieurs fois demandé « la » technique pour peindre du cuir ? Quelle gageure ! Le cuir adopte de multiples couleurs, il peut être neuf, lisse et brillant, ou au contraire fatigué, mat et plein de craquelures … Je n’ai donc pas de recette miracle à vous offrir ; juste un exemple simple qui pourra peut-être vous inspirer.

Un ou deux conseils avant de commencer :

  • Pour obtenir du cuir mat, il suffit de faire sécher la peinture au four, comme pour du tissu. Au contraire, pour conserver un aspect satiné, laisser la peinture sécher à l’air libre, sans employer le four
  • Pour peindre des parties en cuir satiné côtoyant des surfaces en tissu mat (ce qui est très fréquent), adopter l’ordre de travail approprié : par exemple, peindre le tissu, faire sécher au four pour matifier la peinture, puis peindre le cuir et laisser sécher à l’air libre. Si vous commencez par le cuir, laissez le sécher 1 jour ou 2 avant de passer la pièce au four (l’aspect satiné est alors définitif)
  • Pour du cuir neuf et brillant (des bottes noires bien astiquées par exemple), ne pas hésiter à placer des reflets allant jusqu’au blanc pur, avec très peu de fondu : le cuir réfléchit la lumière. De la même manière, un truc simple consiste à souligner les arêtes exposées à la lumière d’un trait fin de blanc presque pur.

 

Après cette longue introduction, voici donc l’exemple avec ce cavalier romain, qui va présenter deux variantes de cuirs naturels marron. Le personnage étant en tenue d’apparat, l’ensemble de son équipement est supposé neuf et sans aucune trace d’usure (c’est aussi plus simple pour cette explication !).

 

 

 

Je commence par une traditionnelle couleur de fond, à la peinture Humbrol marron, bien diluée au White Spirit pour bien pénétrer au fond de la gravure

 

 

 

Puis j’applique uniformément une bonne couche d’un mélange 1/3 Terre d’Ombre Brulée + 1/3 Terre de Sienne Brulée + 1/3 Ocre Jaune , ce qui me donne un marron assez rouge, légèrement un peu plus foncé que la couche de fond. Avec un vieux pinceau usé, je tapote bien pour bien atteindre le fond de la gravure. Puis je lisse très soigneusement en tirant la peinture dans les deux sens (en long et en large).

Au fond des creux, un peu (très peu !) de peinture reste naturellement accumulé. Par contre, sur les parties en relief, la couche de fond tend à réapparaître par transparence. Les détails de la gravure se révèlent !

Je laisse bien sécher avant de continuer. Vous avez remarqué que pour l’instant j’ai traité toutes les parties en cuir dans la même tonalité.

 

Je reprends les ptéruges (les sortes de sangles qui pendent sur les épaules et sous la ceinture)  dans une nuance de marron plus sombre. Pour le composer, j’ai ajouté du Brun Van Dick et une pointe de Violet de Bayeux au mélange précédent. Comme à l’étape précédente, je pose un glacis très fin sur toute la surface.

Puis, sur la palette, je compose une ombre (en ajoutant du Noir d’Ivoire) et une lumière (en rajoutant du Blanc de Titane).

Et, à l’aide d’un pinceau 2/0 à poils courts, je travaille minutieusement pour faire ressortir le relief de la gravure. Quelquefois en trichant un peu et en usant du trompe-l’œil. Bien entendu, c’est assez long … mais le travail est gratifiant, le cuir prend vie sous le pinceau ! Voici en gros plan ce que ça donne

Je laisse à nouveau sécher à l’air libre puis j’opère un dernier passage avec cette fois-ci un jus de peinture (l’ombre ci-dessus, très étendue au WS) pour renforcer les creux. Enfin, je pose quelques touches de lumière sur les arêtes les plus exposées, là aussi en fluidifiant un peu la peinture au WS. Et c’est terminé !

 Dans le même temps, j’ai effectué un travail similaire sur les autres pièces de cuir (ceinture …) mais dans des nuances différentes, pour obtenir un cuir tirant davantage sur l’orange. Ces sangles sont lisses et sans couture. Le travail d’ombres et de lumière se fait sur des surfaces plus grandes, c’est plus simple et plus rapide ! Pour obtenir des contrastes suffisants, deux passages avec séchage intermédiaire peuvent être nécessaires (la photo qui suit est prise après le premier passage)

 

 

 

Et pour vous récompenser d’avoir tout lu, voici une vue de la pièce terminée. Sur son pourtour, le bouclier comporte lui aussi une autre pièce de cuir, peinte dans une tonalité différente des deux premières.

 

 

 

A vous de jouer maintenant !