Bag piper 79th Cameron highlanders

 

 

 

Le tableau ci-contre, oeuvre de JB Anderson, représente Kenneth MacKay à la bataille de Waterloo.

 

Nous sommes le 18 juin 1815. La cavalerie française met à mal l'armée de Wellington pendant tout l'après-midi. Les 79th Highlanders, sur la défensive, sont contraints de former des carrés. Les cuirassiers français se déchaînent sur les troupes britanniques.

 

C'est alors que le piper Kenneth MacKay sort du carré pour entonner le célèbre Piobaireachd (prononcer pibror - une complainte écossaise) "Cogadh pas Sith" (La paix ou la guerre - Le rassemblement des clans) qu'il continuera de jouer sous le feu de l'ennemi.

 

 

Après la bataille, son régiment fut cité pour sa bravoure par le duc de Wellington. Le dévouement, le sang froid et la musique de Kenneth MacKay, dans de telles circonstances, ont à tout jamais marqué l'esprit des Cameron Highlanders.

 

C'est très probablement le tableau qui précède qui a inspiré Maurizio Bruno pour sculpter cette superbe figurine, en 75 mm, distribuée par Roméo Models (ref. RM 75-004).

 

J'apprécie beaucoup la peinture des tartans et j'ai une relation privilégiée avec la cornemuse. Tous les éléments sont donc rassemblés pour que je craque. Et j'ai craqué ...

 

 

A l'ouverture de la boîte, on n'est pas déçu. La première impression se confirme : la pièce est très belle ! La cornemuse et le doigté du piper sont parfaitement restitués (parole de spécialiste). Maurizio Bruno a manifestement fort bien étudié son affaire !

 

Il y a pas mal de travail en perspective : la complexité de la pièce et de sa décoration ne permettent pas de l'assembler en totalité : les bras devront être traités à part, et bien évidemment les pièces de la cornemuse. Lors de la préparation, il est essentiel de ne négliger aucun ajustement, sinon c'est la galère assurée à la fin !

 

Ebavurage, ponçage, polissage, brochage, sous-couche, etc ... Vous connaissez par coeur le processus de préparation. Sinon, le détail des opérations (sur d'autres pièces), est disponible ici ou .

 

Et voici donc la pièce montée à blanc et apprêtée en gris.

 

Et quelques vues sous des angles différents ... Le montage final de la cornemuse s'annonce d'ores et déjà réjouissant !

 

 

La préparation se poursuit comme à l'accoutumée avec la mise en place des fonds colorés, passés à la peinture Humbrol mat bien diluée au WS.  Ici, c'est l'uniformologie qui commande ! 

 

On réassemble les principaux morceaux pour la photo souvenir. Clic, et voilà :

Un embryon de décor a été réalisé au Milliput sur un socle de 45 mm de côté.

 

Et maintenant, on passe aux choses sérieuses !

 

 

La peinture du tartan

Première difficulté : quel set (motif) sur ce tartan ?

 

Pour ceux qui n'ont pas de documentation sur les Cameron highlanders ... Internet est notre ami ! Après une brève recherche, vous trouverez qu'ils portaient le tartan erracht. Ci contre une illustration

 

 

 

Ensuite, bien décortiquer le motif : un fond sombre, bleu et vert, avec des carrés délimités par des bandes noires, des lignes jaunes et des lignes rouges. Beaucoup de lignes rouges !

 

Un peu de méthode étant indispensable pour reproduire le motif à l'échelle, voici en images la décomposition des opérations de peinture à venir (les couleurs sont bien entendu approximatives)

 

 

Première tentative de mise en pratique sur la figurine

Totalement raté vous l'avez compris : l'ensemble est beaucoup trop clair et les carrés sont trop petits. On ne réussit pas toujours du premier coup ...

 

Seule issue, le décapage total et on reprend à zéro en enregistrant la leçon !

 

 

Cette fois-ci, c'est la bonne !

 

 

Vu de derrière ...

 

L'arrière du kilt, presque plus joli que l'avant, est soigneusement plissé. N'apparaissent ici que les lignes horizontales du motif (pleating to the stripes).

 

A signaler qu'une autre technique de plissage des kilts écossais (pleating to the set) permet de reproduire le motif dans son ensemble. C'est par exemple le cas ici.

 

 

La même chose sur la cornemuse

 

Tout d'abord, un petit descriptif de l'instrument : la cornemuse écossaise est constituée d'une poche étanche (bag), gonflée par le souffle du piper et qui lui sert de réserve d'air sous pression. Cette poche est percée de 5 orifices munis de souches :

  • une qui reçoit le tuyau dans lequel souffle le piper,
  • une pour le chalumeau (chanter) sur lequel il joue,
  • et trois pour les bourdons (drone) qui fournissent le fond sonore constant ; les 2 bourdons ténor sont identiques et le bourdon basse, plus long, joue une octave plus bas, l'ensemble produisant des harmoniques.

La poche est traditionnellement confectionnée en peau, souvent du mouton. L'étanchéité est alors obtenue à l'aide d'un fluide (la mélasse) introduit dans la poche pour boucher les porosités de la peau et des coutures. De nos jours, des poches en matériaux synthétiques sont également utilisées pour simplifier l'entretien de l'instrument.

Voici une poche brute, toute fraîche arrivée d'Ecosse et équipée hier (21/08/2012) de ses souches. Je l'ai prise en photo pour la circonstance !

Ce qu'on voit généralement sur une cornemuse (comme ici sur la figurine), ce n'est donc pas la poche elle-même, mais la housse de tissu décorative qui la recouvre. 

 

J'ai choisi le même set que celui du kilt. Il semble que ce ne soit pas obligatoire, mais pourquoi pas ! Le processus de peinture est donc exactement le même que précédemment.

 

 

La cerise sur le gateau !

 

Avec le ruban de tissu qui relie les bourdons entre-eux pour les empêcher de partir chacun de son côté et de s'affaisser lamentablement.

 

C'est encore une fois le même set (mais ici non plus, pas d'obligation uniformologique, semble-t-il). Inutile donc de détailler !

 

 

Et voilà, c'est fini ! Tout ces traits, c'est assez long ... et un pinceau bien affuté est indispensable (WN Series 7 Finest Sable 00 ou 000, excellent !).

 

Le plus délicat a été de trouver le réglage de couleurs permettant d'obtenir au final et en vision d'ensemble un résultat représentatif du tissu en tenant compte de l'échelle.

 

Pour les carreaux, il reste encore les chaussettes et la bande du bonnet, mais ce sera beaucoup plus simple !

 

 

Voici d'ailleurs l'ébauche des losanges des chaussettes :

  • sur la couche de base grise, tracer d'abord des bandes roses qui s'entrecroisent pour former des losanges ; le motif est alors en place
  • puis reprendre chacun des losanges : à chaque croisement, les bandes roses sont d'un rouge plus soutenu ; le tout reste à travailler également en ombres et lumières

 

 

Et celle de la bande du bonnet. Ici les intersections entre les lignes rouges sont ... vertes !  Dans l'ordre : la mise en place du motif, puis la peinture terminée avec ombres et lumières. 

 

 

Pour se reposer de tous ces dessins, le sporran. C'est la petite sacoche du costume traditionnel écossais masculin, portée à la ceinture. Elle compense l'absence de poches dans le kilt.

 

Et le petit tonnelet en bois ainsi que le sac en toile que le personnage porte en bandoulière. Le tonnelet est gris-bleu (mais je n'ai pas réussi à retouver sa couleur exacte). Il sera garni plus tard du numéro du régiment.

 

Quant au sac, il ne figure pas sur le tableau original, et n'apporte d'ailleurs pas grand chose à la figurine. Mais bon, il est là ... Sur la photo, c'est juste la couche de base et le préombrage (avec un jus de BVD)

La veste

 

L'autre gros morceau de cette figurine, c'est la veste ... et ses galons !

 

L'image ci-contre, trouvée sur Internet, montre bien le dessin, qui s'annonce assez délicat à reproduire à l'échelle ...

Commençons par le commencement . 

 

Sur un fond rouge Humbrol Mat 60 bien homogène, j'ai commencé par souligner toutes les bordures avec un jus bien épais de Brun Van Dyck.

 

Après coup, je pense que ce n'était pas forcément indispensable (voir l'image suivante ...).

Puis peinture à l'huile et cuisson pour matifier le rouge.

 

A ce stade, l'ensemble est bien crade ... Vivement le galonnage et le brélage !

 

La cuisson mange beaucoup les contrastes.   Des reprises localisées seront nécessaires ... puis à nouveau le four (30' à 90°C : c'est sec et mat). Sec et mat, mais pas fini (mode joke on)

 

Ci-contre, l'ensemble du brélage et des parements ont été repris en gris mat Humbrol ; c'est déjà un peu plus propre !

Un premier lining sombre (brun Van Dyck - Gris de Payne et une pointe de blanc de titane) vient délimiter les contours. Indispensable pour améliorer la lisibilité de la gravure.

 

Lors des étapes suivantes, ce lining sera amélioré en permanence, pour l'accentuer ou corriger les erreurs. La photographie est bien utile dans ce cadre.

Le travail du blanc. Ne pas déborder ! Plusieurs passages sont nécessaires pour obtenir des contrastes satisfaisants. Et tenir compte des bras, absents à ce stade, pour poser les ombres.

 

Pour les cuirs, le mélange est à base de blanc de titane, de gris de Payne et de noir d'ivoire. Pour les tissus, le gris de Payne est remplacé par de la TOB, ce qui permet d'obtenir une nuance différente (mais peu visible sur la photo)

Et les galons ... J'ai assez peu de pratique dans le domaine et c'est petit, petit. Il va falloir empiler 7 traits différents sur une largeur d'environ 1 mm, et si possible éclairer et ombrer un peu. Donc restons zen !

 

La partie centrale en jaune (jaune d'aurore plus ocre jaune, l'ocre permettant de densifier la couleur, car la peinture est très fine)

 

 

Premier résultat : un trait rouge entoure la bande jaune. L'extérieur est laissé en blanc. Et au centre la couture plus sombre est tracée en gris. 

 

Pas trop mal en vision réelle, mais la photo numérique est impitoyable et révèle tous les défauts de ce minuscule dessin qui doit pourtant être le plus géométrique possible.

 

Et ça manque de lumières ...

Quelque temps et quelques retouches plus tard ...

 

C'est un peu mieux en photo et en réel c'est pas trop mal. Je vais m'arrêter là.

 

Les boutons et l'insigne en ont profité pour prendre leurs premières couleurs métal- liques (poudre + liquin + peinture).

 

 

Pour conclure cette partie, le même travail a été effectué simultanéement sur les manches. Ici aussi, prendre garde à la position des ombres et des lumières ; toute la difficulté de devoir peindre une figurine en plusieurs morceaux !

 

Le résultat sur les galons des manches est un peu plus lisible que sur la veste. Mais les boutons restent à travailler.

Le montage final

La fin approche !

 

Le paquetage  et la claymore (épée) ont été peints séparement. De même, le visage et les mains ont été ébauchés avant montage, pour être terminés ensuite.

 

Quant au décor ... très simple ! De la terre et quelques touffes d'herbes bien placées seront suffisantes. L'ensemble, peint dans des couleurs sombres, reste discret. Deux trous sont prévus dans le socle pour recevoir les broches de fixation placées dans les jambes du personnage.

 

Le montage des différents éléments ne nécessite qu'un peu de mastic et un petit raccord de peinture sur les sangles. C'est à ce moment là qu'on se félicite d'avoir passé un peu de temps sur la préparation !

 

J'ai gardé pour la fin la mise en place du chanter. Pas facile de passer ce petit objet entre les doigts du piper, alors qu'il ne demande qu'à se tordre ... Zen, restons zen !

 

Encore quelques retouches de peinture par-ci, par-là, le petit grigri habituel sur le socle, et c'est terminé.

Et la pièce terminée

 

 

Vue sous tous les angles ...

Et voilà, l'aventure se termine une fois de plus, avec toujours ce petit sentiment de vide lorsque la figurine rejoint sa vitrine, surtout lorsqu'on y a passé beaucoup de temps. Alors, vite, la prochaine !

 

Merci à Julien P., responsable du pupitre cornemuses du bagad de Lann-Bihoué et à Philippe B., des Chevaliers de la Baie des Anges, pour leurs conseils et leurs encouragements.

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Commentaires: 5
  • #1

    Reptor (samedi, 06 octobre 2012 07:22)

    Enorme, superbe réalisation, c'est encore un sans faute et une autre superbe piece ! bravo à toi et vivement les prochaines !!!!

  • #2

    bono (samedi, 06 octobre 2012 09:06)

    "l'aventure se termine une fois de plus, avec toujours ce petit sentiment de vide lorsque la figurine rejoint sa vitrine...."
    mais aussi la satisfaction et une certaine fierté d'avoir si bien relevé le défi. ;)
    Une très belle pièce, pas simple à réaliser mais que tu as su dompter et lui donner vie.... 1000 bravo et comme tu dis si bien : "vite la prochaine"

  • #3

    mund.p (mardi, 09 octobre 2012 02:13)

    magnifique comme toujours
    quel travail sur le tartan
    tres grand realisme encore bravo jf

  • #4

    u=526441 (mardi, 16 avril 2013 22:28)

    I shared this on Myspace! My friends will definitely enjoy it!

  • #5

    Lucky Piper (dimanche, 14 janvier 2018 19:52)

    Bonjour
    Bravo pour ce compte rendu et ce travail superbe
    Kenneth Mackay is back alive thanks ta ye !
    Slainte Mhor !